Robert Chapatte est une figure emblématique du cyclisme et du journalisme sportif français. Né le 14 octobre 1921 à Neuilly-sur-Seine, il a marqué son époque autant par ses exploits sur le vélo que par sa voix chaleureuse qui a accompagné des générations de téléspectateurs lors des retransmissions du Tour de France. Sa vie, riche en rebondissements, témoigne d’une passion indéfectible pour le sport et d’un talent unique pour le raconter.
Enfance et premier pas dans le sport
Robert Chapatte voit le jour dans une famille modeste. Il est le fils d’Aimé Chapatte, un transporteur originaire de Charleroi en Belgique, et de Marcelle Potin, mandataire aux halles de Paris. Installé à Saint-Maur-des-Fossés dans sa jeunesse, il grandit dans un environnement où le sport occupe une place importante. Ses grands-parents tiennent un café rue Beauséjour, un lieu de rencontre pour les amateurs de sport locaux. C’est dans ce cadre qu’il découvre le football, jouant aux côtés de Louis Caput au club de Saint-Maur. Cependant, sur les conseils d’Ernest Catudal, il abandonne le ballon rond pour se consacrer à la petite reine. Dès l’âge de 15 ans, en 1936, il fait ses débuts à l’Étoile Sportive de Saint-Maur, posant les bases d’une carrière qui le mènera loin.
Parcours dans le cyclisme
Robert Chapatte se révèle d’abord sur la piste. En 1946, il remporte des américaines au Vélodrome d’Hiver à Paris, puis les Six Jours d’Alger la même année, démontrant ses qualités de pistard. Passé professionnel en 1944, il entame une carrière sur route qui durera onze saisons, jusqu’en 1954. Excellent grimpeur, il participe à cinq éditions du Tour de France entre 1948 et 1952, avec une 16e place au classement général en 1949 comme meilleur résultat. Bien qu’il ait abandonné à trois reprises sur la Grande Boucle, il brille dans d’autres courses, notamment en remportant le Circuit des Pyrénées en 1949 et le Grand Prix d’Espéraza en 1952. En 1944, il devient champion de France de poursuite par équipes, aux côtés de Roger Rioland, Jean Guegen et André Chassang. Sa carrière, bien que respectable, ne le place pas parmi les plus grands champions de son époque, mais elle lui offre une expérience précieuse qu’il saura mettre à profit par la suite.
Palmarès de Robert Chapatte
Voici un aperçu des principales victoires de Robert Chapatte :
- 1944 : Champion de France de poursuite par équipes.
- 1946 : Victoires en américaines au Vélodrome d’Hiver et aux Six Jours d’Alger.
- 1949 : Circuit des Pyrénées ; 16e du Tour de France.
- 1952 : Grand Prix d’Espéraza.
Son palmarès, bien que modeste comparé à celui de légendes comme Fausto Coppi ou Jacques Anquetil, reflète un coureur polyvalent et combatif, apprécié pour son élégance et sa gouaille.
Transition vers le journalisme de Robert Chapatte
Après avoir raccroché son vélo en 1954, Robert Chapatte se reconvertit dans le journalisme sportif. Il débute dans la presse écrite, collaborant avec des journaux comme L’Aurore et Le Provençal, avant de se lancer à la radio. En 1955, il commente le Tour de l’Ouest pour Radio Monte-Carlo, où un incident amusant l’échange de micros avec Georges Briquet de la RTF lui ouvre les portes de la radiodiffusion nationale. Il rejoint la RTF jusqu’en 1959, puis passe à la télévision en 1960, où il devient une voix incontournable du cyclisme. Il anime des émissions comme Les Coulisses de l’exploit et Sports-Dimanche, aux côtés de figures comme Michel Drucker et Roger Couderc.
Écarté de la télévision après les événements de mai 1968, il trouve refuge à Europe 1 avant de faire un retour triomphal en 1975 comme chef du service des sports d’Antenne 2. Il lance alors Stade 2, une émission omnisports culte qu’il présente jusqu’en 1985. Consultant sur le Tour de France jusqu’en 1994, il commente les courses avec Jacques Anquetil, puis Patrick Chêne, laissant une empreinte indélébile grâce à son style convivial et son célèbre « théorème de Chapatte » : une échappée doit avoir une minute d’avance à 10 km de l’arrivée pour l’emporter.
Qui est le fils de Robert Chapatte ?
Le fils de Robert Chapatte est Dominique Chapatte, né le 18 septembre 1948 à Paris. Journaliste et animateur de télévision, Dominique a suivi une voie différente de celle de son père, s’éloignant du cyclisme pour se spécialiser dans l’automobile. Après des études de droit à la Sorbonne et un stage à Europe 1, il abandonne l’idée de devenir juge pour enfants et se lance dans le journalisme. Il débute à Europe 1, puis rejoint RTL, avant de créer et animer Turbo sur M6 dès 1987, une émission devenue emblématique qu’il produit et présente encore aujourd’hui. Contrairement à son père, Dominique n’a jamais été attiré par le vélo, préférant le confort aux efforts physiques intenses, mais il a hérité de son talent pour captiver un public.
Comment est mort Robert Chapatte ?
Robert Chapatte s’éteint le 19 janvier 1997 à Paris, à l’âge de 75 ans, des suites d’une longue maladie. En juillet 1994, alors qu’il commentait son 45e Tour de France, il est victime de deux malaises d’origine circulatoire dans les Pyrénées. Contraint d’abandonner la course, il est transféré de Lourdes à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, où il plaisante : « Je me suis endormi à Lourdes, je me suis réveillé à l’hôpital à Paris. » Malgré ces problèmes de santé, il reste une figure respectée jusqu’à ses derniers jours. Sa disparition marque la fin d’une époque pour le journalisme sportif français.
Où est enterré Robert Chapatte ?
Robert Chapatte repose au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, non loin de son lieu de naissance. Sa tombe, située dans la division 1, témoigne de son attachement à cette ville qui l’a vu naître et grandir. Lors de ses obsèques, de nombreux cyclistes amateurs ont rendu hommage à celui qui avait su populariser leur sport, arrêtant leurs entraînements pour accompagner son dernier voyage.