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Le 27 juillet 2025, Tadej Pogačar (UAE Team Emirates-XRG) a inscrit une nouvelle page dans l’histoire du cyclisme en remportant son quatrième Tour de France, à seulement 26 ans. Cette 112e édition de la Grande Boucle, qui s’est élancée de Lille le 5 juillet pour s’achever sur les Champs-Élysées à Paris, a été marquée par la domination écrasante du Slovène, qui a consolidé son statut de superstar du peloton. Cependant, cette victoire, bien que magistrale, a soulevé des questions sur l’avenir de Pogačar dans une course qu’il semble parfois survoler au point de s’ennuyer lui-même.
Un Tour maîtrisé de bout en bout par Tadej
Dès les premières étapes, Tadej Pogačar a affiché ses ambitions. Lors de la 4e étape à Rouen, il a signé sa 100e victoire en carrière en battant Mathieu Van der Poel au sprint, démontrant sa polyvalence sur un terrain pourtant favorable aux puncheurs. Cette victoire, obtenue avec l’aide précieuse de son coéquipier João Almeida, a marqué le ton d’un Tour où Pogačar n’a laissé que peu d’opportunités à ses rivaux.
C’est dans les Pyrénées, lors de la 12e étape entre Auch et Hautacam, que le Slovène a véritablement assommé la concurrence. S’imposant en solitaire après une ascension impressionnante, il a distancé Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike) de plus de deux minutes, reprenant le maillot jaune et creusant un écart significatif au classement général. Le lendemain, il a enfoncé le clou en remportant le contre-la-montre en côte de la 13e étape à Peyragudes, portant son avance à plus de quatre minutes sur Vingegaard.
Dans les Alpes, Pogačar a continué à gérer son avance avec une maturité tactique remarquable. Lors de la 19e étape à La Plagne, alors que son équipe UAE avait contrôlé la course pour lui offrir une chance de victoire, il a surpris en laissant filer Thymen Arensman (Ineos Grenadiers), préférant préserver ses forces et éviter de favoriser Vingegaard. Cette décision, bien que critiquée par certains pour son manque d’audace, a illustré sa capacité à courir intelligemment, même sous la pression d’un public et d’un peloton attendant de lui une domination totale.
Une dernière étape spectaculaire mais sans victoire
La 21e étape, courue le 27 juillet 2025 à Paris, a offert un final palpitant avec un parcours repensé incluant des bosses, notamment la Butte Montmartre, pour pimenter la course. Malgré une course animée où Pogačar a tenté de s’illustrer, c’est Wout van Aert (Visma-Lease a Bike) qui s’est imposé, privant le Slovène d’une victoire d’étape sur les Champs-Élysées. Pogačar, troisième à La Plagne et actif dans les trois ascensions finales, a néanmoins conclu le Tour en jaune, avec une avance finale de 4 minutes et 24 secondes sur Vingegaard et 11 minutes et 3 secondes sur Florian Lipowitz (Red Bull-Bora-Hansgrohe).
En plus du maillot jaune, Pogačar a remporté le classement de la montagne (maillot à pois) et a empoché 83 880 euros de gains, devançant largement ses concurrents au classement des primes. Sa domination a été telle qu’il a parfois semblé courir contre lui-même, les autres favoris comme Vingegaard, Primoz Roglič ou Enric Mas n’ayant jamais réussi à véritablement le menacer.

Tadej Pogačar : Une domination sur le tour de France 2025 sans équivalence
Une victoire teintée de lassitude
Malgré ce triomphe, l’édition 2025 a révélé un Pogačar inhabituellement marqué par la fatigue. À plusieurs reprises, il a exprimé un sentiment d’épuisement, confiant à France Télévisions qu’il « comptait les kilomètres jusqu’à Paris » et évoquant même l’idée d’une possible retraite dans un futur proche. Dans une interview à L’Équipe, il a déclaré : « Si je ne suis pas fatigué après 21 jours de course, il y aurait quelque chose qui cloche ». Cette franchise a surpris, certains y voyant un manque de respect pour l’épreuve, tandis que d’autres y ont perçu une humanité rare chez un champion de son calibre.
Pogačar a également admis prendre davantage de plaisir dans les courses d’un jour, où la concurrence, notamment celle de Mathieu Van der Poel, lui offre un défi plus immédiat. Avec des objectifs comme Milan-Sanremo et Paris-Roubaix toujours dans son viseur, il a laissé entendre qu’il pourrait un jour envisager de faire l’impasse sur le Tour, une décision qui serait difficile à faire accepter à son équipe et ses sponsors.
Les Français à l’honneur malgré l’ombre de Pogačar
Si Pogačar a dominé, les coureurs français ont également brillé. Valentin Paret-Peintre (Soudal-QuickStep) a signé la première victoire tricolore sur la 16e étape au mont Ventoux, une performance saluée comme spectaculaire. Romain Grégoire (Groupama-FDJ) et Jordan Jegat (TotalEnergies) se sont illustrés lors de la 20e étape à Pontarlier, malgré la malchance de Grégoire, victime d’une chute. Lenny Martinez (Bahrain-Victorious) a quant à lui porté le maillot à pois temporairement, se classant 7e au classement des gains avec 24 160 euros.
Un Tour sous le signe de la suspicion
Comme souvent, la domination de Pogačar n’a pas échappé aux soupçons de dopage, bien que le coureur ait toujours passé les contrôles avec succès. Un membre du staff de son équipe a défendu la transparence du cyclisme actuel, tout en reconnaissant que « un résultat négatif aujourd’hui peut être positif demain ». Pogačar, conscient de ces suspicions, a insisté sur sa fatigue comme preuve de son effort humain, rejetant l’idée d’un burn-out tout en soulignant les exigences physiques et mentales du Tour.
Vers une légende du cyclisme
Avec quatre victoires sur le Tour de France (2020, 2021, 2024, 2025), Tadej Pogačar se rapproche des légendes comme Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, tous quintuples vainqueurs. À seulement 26 ans, il pourrait égaler ce record dès 2026, mais ses déclarations laissent planer un doute sur sa motivation à long terme. « Je ne planifie pas trop, j’ai encore un long contrat jusqu’en 2030 », a-t-il confié, mentionnant les Jeux olympiques de Los Angeles 2028 comme un objectif.

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[…] a dominé le cyclisme avec une aisance rare. Vainqueur du Tour de France en 2020, 2021 et 2024 et cette année 2025, il a également conquis des classiques comme Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie, tout […]